À lire

Lucie CAUWE · lucie.cauwe@gmail.com

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À lire avec nos enfants

Les
animaux

Qui va me manger ?, textes et illustrations d’Emilie Vast, MeMo, collection Tout-petit MeMômes, 40 p., 16 euros.

Un dialogue étonnant mais très réussi anime ce petit format superbe sur le plan graphique avec ses délicats aplats colorés. Ce sont des animaux qui parlent, de toutes les tailles et de tous les genres. En réalité, c’est toute la chaîne alimentaire qui nous est présentée à travers cette passionnante histoire. Tout commence quand la rose se flétrit parce qu’un puceron a aspiré sa sève. L’insecte ne va pas en profiter longtemps: une coccinelle l’avale. Elle‑même est la proie d’une araignée… De double page en double page, on va découvrir qui mange qui, et glaner une foule d’informations intéressantes. La technique du renard pour maîtriser un hérisson par exemple. En peu de pages, l’auteure-illustratrice aborde de très nombreux aspects de cette chaîne, aussi bien l’animal qui meurt et dont la dépouille est récupérée, que l’être humain ou le moustique… Que de liens parfois invisibles à découvrir.

Pour tous, à partir de 4 ans.

Les animaux

De fleurs en fleurs, textes et illustrations d’Anne Crausaz, MeMo, 40 p., 22 euros.

Dans le n° 306 du magazine, je présentais le magnifique album de l’auteure-illustratrice suisse L’oiseau sur la branche. Si le titre de sa nouveauté en grand format est explicite, il ne dit pas tout. Il y sera spécifiquement question de la diversité des fleurs et de leurs techniques de pollinisation. Sur les doubles pages à fond de couleur sombre apparaît à droite un gros plan dessiné de la fleur choisie, légendé de son nom, tandis que la page de gauche montre une illustration de la même fleur dans son contexte cette fois, précédée d’une explication littéraire où la fleur raconte à la première personne ce qui lui arrive. Une abeille pour l’hydrangea, un carabe pour la tulipe, un papillon sphinx pour le lys martagon et ainsi de suite 15 fois en tout. Les textes sont très agréables à lire, à la fois scientifiques et narratifs. À part le zoom sur le myosotis qui paraît exagéré, les illustrations sont stupéfiantes de beauté et permettent de bien distinguer les détails des sujets abordés. Une façon originale et réussie de présenter un aspect de la nature.

Pour tous, à partir de 5 ans.

Les animaux

Le hérisson, texte de Benoît Broyart, illustrations de Léonie Kœlsch, La cabane bleue, collection Suis du doigt, 32 p., 17 euros.

Ce documentaire ludique pour les plus jeunes, mais qui enrichira aussi les plus grands, propose au lecteur de suivre du doigt un des 2 itinéraires en pointillé dessinés sur chaque double page. Les récits commencent au réveil du hérisson, après un petit somme d’hiver de trois mois. Le chemin du haut donne des détails sur l’animal, celui du bas conduit au jardin en sa compagnie. Évidemment, on peut lire les 2 en même temps, ou changer d’avis et de chemin. À l’arrivée de ces doubles pages rédigées de manière aussi informative qu’écologique, portées par des dessins simples, expressifs et colorés, on en sait beaucoup sur ce mammifère bien utile. Qu’il mange bruyamment, qu’il sait nager, grimper en haut d’un mur de 2 m, qu’il chute sans se blesser grâce à ses piquants amortisseurs… Des conseils pratiques et une fiche récapitulative complètent ce portrait détaillé.

Pour tous, à partir de 4 ans.

Les animaux

Insectorama, textes et illustrations de Lisa Voisard, Helvetiq,
224 p., 24,90 euros.

Jamais 2 sans 3, dit-on. Après Ornithorama (voir Athena n° 349) et Arborama (voir Athena n° 354), la graphiste et illustratrice suisse Lisa Voisard nous présente le «monde fascinant des insectes» et nous invite à l’observer. Après les brèves présentations générales (définition, anatomie, ordres, caractéristiques), on découvre en détail, par séries de 2 ou 3 doubles pages magnifiquement illustrées et superbement mises en pages, 30 portraits d’insectes regroupés en 4 habitats (villes et jardins, prairies et champs, milieux humides, forêts) et une catégorie de représentants extraordinaires. Des attendus comme l’abeille mellifère, la mouche, le machaon, la fourmi, le phasme. D’autres plus singuliers comme le gendarme, le dytique bordé ou le lucane cerf-volant. Quel bonheur de parcourir ces guides d’observation détaillés et ces infos bien utiles accompagnant les illustrations réalistes ! En fin de ce guide aussi épais que complet, un chapitre donne des conseils d’observation tandis qu’un autre détaille la vie des insectes, métamorphose, ponte, camouflage, utilité… Désormais, ce monde minuscule regorgeant d’anecdotes amusantes nous est accessible.

Pour tous, à partir de 8 ans.

Les animaux

La vie au fil du temps, textes de John Woodward (erronément répertorié Wodward chez Gallimard), divers illustrateurs, traduit de l’anglais par Bruno Porlier, Gallimard Jeunesse, 32 p., 19,95 euros.

L’édition originale de cet album de taille impressionnante a été éditée chez le britannique Dorling Kindersley, qui avait révolutionné le secteur documentaire dans les années 1980 avec des collections illustrées de photos comme Les yeux de la découverte. Choix bienvenu du format à l’italienne car l’album comporte une succession d’illustrations panoramiques particulièrement détaillées retraçant l’histoire de la vie sur Terre ! Plus de 3 milliards d’années défilent dans cette imposante chronologie de la vie. Dans la mer d’abord, sur la terre ensuite, dans les airs enfin. La ligne temporelle permet de bien comprendre combien l’homme est arrivé tard, au pléistocène, en pleine période glaciaire, il y a 21 000 ans. Les premiers agriculteurs ne viennent, eux, qu’il y a 9 000 ans, là où s’arrête cet impressionnant ouvrage.

Pour tous, à partir de 7 ans.

Les animaux

Dans la nature, textes de Fleur Daugey, illustrations de Marcel Barelli, La Martinière Jeunesse, 40 p., 13,90 euros 

Naître animal, textes de Karine Granier-Deferre, illustrations de Marie Caudry, Casterman, 48 p., 14,95 euros.

Deux albums qui viennent à point au moment où nombre de personnes, parfois même des scientifiques, jurent que l’homosexualité n’existe pas dans la nature. Rien de plus faux comme le prouvent ces 2 documentaires. Destiné aux plus jeunes, le premier est tiré du film d’animation éponyme et explique par des images pleines d’humour, complétées de textes brefs, combien la nature est diverse. Il y a le couple mâle-femelle, mais aussi mâle-mâle comme ces grands dauphins ou femelle-femelle chez les macaques japonais. En ce qui concerne la famille, les formules sont encore plus nombreuses, on le verra dans cet album bien utile.

Des propos analogues sont tenus dans le deuxième titre, destiné à un public un peu plus âgé. Là, ce sont 26 histoires de familles qui sont racontées, la dernière concernant les humains. Fort bien rédigés, les textes occupent la page de gauche tandis qu’une illustration pleine page fort réussie, accompagnée d’une mini-notice sur l’animal, occupe un cartouche dans celle de droite. On apprécie l’orange pantone en fil rouge qui lie ainsi le choix des histoires déconstruisant les idées reçues. Ainsi, chez les mammifères, ce ne sont pas les femelles qui s’occupent toujours des petits. Les papas le font régulièrement mais on l’ignore. Autre sujet d’étonnement, le nombre de bébés animaux qui grandissent sans leurs parents.

Respectivement dès 4 ans et 7 ans, sans limite d’âge.

Les humains

Histoire de se laver, textes d’Ingrid Thobois, illustrations de Pascale Breysse, Kilowatt, collection Histoire de…, 48 p., 16,5 euros. 

Bain, douche, sauna ou hammam, se laver et prendre soin de son corps est un plaisir partagé partout dans le monde. Selon les pays, les cultures et les époques, il existe mille et une façons de se laver ! C’est un voyage à travers le monde et le temps que propose ce documentaire illustré d’agréables dessins prolongeant les propos de l’auteure. Mais que signifie au fond être propre ou être sale ? Les critères peuvent grandement diverger. La pandémie de Covid a ainsi rappelé l’importance du lavage des mains, même si elles paraissent propres, pour en retirer bactéries et virus invisibles à l’œil nu. Si Grecs et Romains ont compris jadis les vertus du bain, au Moyen-Âge, la religion catholique a limité le bain individuel à des fins thérapeutiques. La Renaissance fit encore pire. Il faut attendre le 19e siècle pour que se laver à l’eau redevienne une habitude en Europe. Par contre, les pays scandinaves et la Corée ont toujours pratiqué le sauna, le Maghreb et le Moyen-Orient le hammam, le Japon apprécie les sources thermales naturelles. À peine réhabilitée, l’eau est devenue un lieu de plaisir pour les riches qui aimaient fréquenter les «villes d’eau» alors qu’en Hongrie par exemple, le bain est un art de vivre pour tous. Des focus sur les types de savon et de dentifrice complètent cet original voyage.

À partir de 8 ans.

Les humains

Les microbes à la loupe, textes de Sheddad Kaid-Salah Ferron, illustrations d’Eduard Altarriba, traduit de l’espagnol par Benjamin Zelvelder, Nathan, 64 p., 19,95 euros.

Il doit y avoir plus de 50 ans que je n’avais plus croisé le mot «paramécie» ! Il figure à la p. 27 de ce documentaire extrêmement savant et fort bien agencé sur le plan scientifique tout en étant agréablement illustré avec humour. Autant le dire tout de suite, on ne le lit pas d’un œil. Il faut même un peu s’accrocher tant le sujet est vaste. Mais la récompense est à la taille de l’effort. Grâce au guide, le Professeur Darwin, les microbes, la plus ancienne forme de vie connue sur terre, omniprésents en nous et autour de nous, distillent leurs mystères. La taille, facile. La différence entre bactérie et virus, moins simple. Les microscopes pour les observer. Cela se complique encore avec les cellules, les types de microbes et de bactéries, mais les explications sont claires et les exemples nombreux. On découvre alors les archées, les champignons, les protozoaires, les virus, les phages, les mini-organismes… Autant de mots qu’on croise et qu’on utilise souvent à tort. Cet épais album en grand format remet toutes ces notions en place tout en abordant évidemment les infections, les épidémies, les antibiotiques, les vaccins, la transmission et l’immunité. Un petit regret: que cette mine d’informations, très dense, ne se termine pas par un index permettant d’y naviguer.

Pour tous, à partir de 9 ans.

Les humains

Le grand livre de la main, textes de Magda Gargulakova, illustrations de Vitezslav Mecner, traduit du tchèque par Aude Pasquier, Casterman, 80 p., 16,95 euros.

On les utilise tous les jours sans souvent s’en soucier, mais il suffit qu’une de nos mains tombe en panne pour qu’on découvre tout ce qu’elle nous apporte. Ce documentaire très agréablement illustré et écrit de façon familière constitue un formidable inventaire des super-pouvoirs de la main ! Les auteurs progressent par associations d’idées, la page sur les empreintes digitales entraînant par exemple la présentation de la dactyloscopie. Après l’apparence de la main se dévoilent en détail son intérieur, ses capacités et ses utilisations. Un zoom sur la communication verbale et non-verbale, signes, gestes, signaux dont les salutations et on arrive aux remplacements par la main des yeux, des oreilles et de la bouche, à l’acte de créer et aux mains célèbres. Et si les mains n’existaient pas ? Réponses en dessins. L’ouvrage a encore beaucoup à dire: main humaine unique dans la nature, évolution dans le temps, commande du cerveau, droitiers et gauchers, outil de mesure (le célèbre empan de la pédagogie Decroly), symbole politique ou religieux, représentations artistiques, décoration (du vernis au tatouage en passant par le henné), accessoires et prolongements, maladies et accidents. Il se termine avec humour par une série de conseils à ne pas faire, belle liste de ce qu’on fait tous les jours.

Pour tous, à partir de 7 ans.

Les humains

Un million de points, texte et illustrations de Sven Völker, traduit de l’anglais par Aude Picoux, Helvetiq, 44 p., 18 euros.

Comment faire découvrir aux enfants l’univers des mathématiques que ceux qui le connaissent jugent fascinant ? Habituellement, les albums à compter s’arrêtent à 10, parfois à 100. Celui-ci se lance le défi d’aller jusqu’à 1 000 000 de façon poétique, et l’emporte haut la main. Ce n’est pas pour rien qu’il a gagné le prix New York Times du meilleur album jeunesse 2019 ! «Mon objectif était de créer un livre sur les mathématiques qui soit amusant, hors des standards et vrai, explique l’auteur. Aucun point ne manque, vous pouvez compter ! Je souhaitais également inclure une 2e lecture plus philosophique pour les parents: comment un nombre peut devenir énorme très rapidement en le doublant. J’y vois une représentation de la folie de la consommation et de la crise climatique, mais aussi l’espoir de renverser la courbe tout aussi rapidement.» En aplats de couleurs extrêmement graphiques, les sobres illustrations pratiquent un amusant marabout-boutdeficelle et déclinent de diverses manières ces points qui doublent à chaque fois qu’on tourne une page. Autant de devinettes. C’est joyeux, esthétique, inventif et extrêmement efficace. Le million de points est présent dans une très très grande page, pliée en accordéon. Une merveille d’album !

Pour tous, à partir de 5 ans.

Les humains

La Tour de Gustave, texte de Sophie Adriansen, illustrations de Youlie, Glénat Jeunesse, 48 p., 14,50 euros.

«Gustave aime ce qui est grand, ce qui est immense, ce qui est vertigineux.» Qui pose ce portrait ? La tour Eiffel elle-même, narratrice de cet album tout en hauteur racontant la vie de son concepteur. Une manière originale et réussie d’aborder l’incroyable destin d’Alexandre Gustave Eiffel, passionné par les constructions métalliques et n’ayant vécu que pour la nouvelle trouvaille du temps, l’acier. On plonge avec intérêt dans ces pages agréablement illustrées à la façon Belle Époque. On découvre qu’Eiffel est loin de n’avoir été que le créateur de la célèbre Dame de fer parisienne. Il a en effet travaillé un peu partout en France et aussi dans le monde, visionnaire acharné qui connut énormément de succès mais également quelques déboires. On retrouve aussi l’air du temps d’alors quand les détracteurs de la narratrice avançaient le pire pour effrayer la population. Publié à l’occasion du centenaire du décès de Gustave Eiffel, ce documentaire passionnant ne donne pas hélas ses dates. Les voici: naissance 15 décembre 1832 à Dijon, décès le 27 décembre 1923 à Paris. Un petit oubli compensé par la qualité de l’ouvrage.

Pour tous, à partir de 6 ans.

Les humains

Mon herbier des gens, textes et illustrations de Rémi Courgeon, La cabane bleue, collection Les herbes folles, 40 p., 17 euros.

Contrairement à l’habitude où on colle des plantes sur des pages pour constituer un herbier, l’auteur a choisi d’épingler des jardiniers ! Des femmes et des hommes qu’il a rencontrés dans les jardins familiaux de Ris-Orangis, 7 hectares d’espaces verts partagés en parcelles de tailles diverses et gérés par un écologiste passionné. Mon herbier des gens réunit 23 petites fictions inspirées de ces rencontres réelles. L’auteur donne la parole à un gamin parti en classe verte dans ce coin de la Creuse. Le narrateur nous présente des personnes aux origines diverses, chacune cultivant, à sa mode et selon son origine géographique, sa petite parcelle de bonheur. Des légendes et des pages documentaires complètent les portraits. Un kaléidoscope instructif, émouvant et drôle qui apporte différents points de vue sur le jardinage, la nature, et finalement, la vie. Du «président» joyeux à la «smart girl» jardinant avec son smartphone, en passant par l’ingénieur qui se partage entre poireaux et ruches et le «bad seed» adepte du jardin punk, un bel éventail de l’art de jardiner.

À partir de 7 ans.

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