Jim Stein, ingénieur en chef d’Axiom Space, présente un prototype de la
nouvelle combinaison spatiale que les astronautes porteront lors de la mission Artemis III

Espace

Quoi de neuf  dans  l’espace ?

Fleur Olagnier •  fleur.olagnier@gmail.com

David J. Phillip/

Un nouveau rapport de la Cour des comptes américaine montre que l’état d’avancement de la mission lunaire Artemis III, troisième du programme éponyme, est très critique. L’agence spatiale américaine (Nasa) ambitionne d’atterrir sur la Lune en décembre 2025. Mais apparemment, le calendrier de développement est bien trop ambitieux et la mission pourrait bien s’en trouver «modifiée»… 

D’où vient ce retard ?

La Cour des comptes américaine considère comme «improbable» le fait que l’atterrisseur lunaire de SpaceX (Human landing system ou HLS) soit prêt d’ici fin 2025. Pour rappel, le HLS se compose du Super Heavy (fusée) et du HLS Starship (véhicule pour l’alunissage). Il est basé sur une architecture commune au Starship, c’est-à-dire la plus grosse fusée de la société SpaceX qui a déjà réalisé 2 vols d’essais, dont un pendant lequel l’engin a explosé… Des étapes techniques seraient en suspens, notamment concernant la performance des moteurs Raptor et la démonstration du transfert de carburant cryogénique en orbite. En outre, le développement des combinaisons spatiales contribue au retard global. En effet, la Nasa souhaite désormais que ces équipements garantissent une autonomie de survie de 60 minutes en cas de dysfonctionnement. C’est plus que n’importe quelle combinaison jamais développée, ce qui oblige la société Axiom qui les fabrique à revoir sa copie. Enfin, SpaceX développe un réservoir de propergol et un dépôt spatial de carburant qui doivent permettre la mise en place d’une «station-service» en orbite. Là encore, la complexité du projet pourrait mettre à mal les échéances de la Nasa. «SpaceX a fait des progrès limités dans le mûrissement des technologies nécessaires à ce plan», a jugé la Cour des comptes américaine.

Une mission «modifiée» ? 

Au vu des délais rencontrés, il ressort de l’étude de la Cour des comptes américaine que la mission Artemis III ne serait envisageable qu’après 2027… au point de reporter à plus tard le retour de l’Homme sur notre satellite naturel. La Nasa a déjà évoqué à mi-mots la possibilité d’un décalage de plusieurs années, ainsi que d’une mission Artemis III «différente» si les retards venaient à persister. À comprendre: une mission sans atterrissage lunaire. L’architecture et les objectifs pourraient également être revus en fonction des résultats de la mission non habitée autour de la Lune Artemis II, dont le lancement est prévu fin 2024. 

Pourtant, on prépare déjà la suite… 

Avec le retour de l’Homme sur la Lune, le besoin de se déplacer à la surface lunaire semble indispensable. La Nasa est donc en train de sélectionner l’entreprise qui construira le futur rover ad hoc, et la société Astrolab est très bien partie. Astrolab aurait «réinventé la roue lunaire» et a d’ores et déjà signé avec SpaceX pour un démonstrateur de son rover Flex qui sera à bord d’un vol test du Starship en 2026. Il est même déjà prévu que l’astromobile embarque 8 charges utiles, dont 5 sont connues. La plupart sont des technologies de start-up qui ont besoin de tests in situ: extraction d’eau par Argo Space Corp, tri de grains de régolithe pour construire des briques lunaires par Astroport Space Technologies ou encore serres expérimentales par Interstellar Lab… 

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